Chapitre 6 : Victoria (Par Théa)
Ce jour-là, Simon et moi avions été réveillés de bonne heure.
Nous avions encore eu une inondation dans la salle de bain. Les conduits de la baignoire avaient (une fois de plus) lâchés, et le micro-ondes avait rendu l'âme.
Une nuit sur trois, c'était la même histoire. Rien n'avait changé depuis que nous avions emménagé. Les appareils continuaient inlassablement de casser, et le manoir s'emplissait de bruits tous plus étranges les uns que les autres.
Je ne pouvais m'empêcher de penser à ce que m'avait raconté Moira, et ça me terrorisait. Mais quelque chose me poussait à rester, et à continuer les travaux malgré tout.
J'avais du coup préparé un bon petit-déjeuner pour affronter la longue journée qui nous attendait.
"Est-ce que tu as pu dormir un peu avant l'hécatombe ?" me demanda Simon.
"Un peu oui. Je dors mieux en ce moment, va savoir pourquoi.
-Peut-être parce que notre situation s'améliore ces derniers temps ?" me suggéra t-il
"Sans doute." répondis-je. "C'est vrai que depuis la création de tes applications mobiles et de ton premier jeu vidéo, je me sens rassurée sur notre avenir. Je gamberge moins la nuit.
-Tant mieux ! Et si ça peut t'aider encore plus, je peux te promettre que ce n'est pas fini ! Je planche en ce moment sur un deuxième jeu vidéo. Et celui-là, crois-moi, il va nous rapporter gros !
-Je n'en doute pas. Tu as tellement de talent..."
Très vite après l'achat de son ordinateur, Simon avait développé une première application mobile, "Bricolage facile" avant de se lancer dans le développement de jeu vidéo. "The wild legion" a vu le jour, et il a été très apprécié. Ceci a donné l'idée à Simon de sortir une deuxième application recensant tout les cheat codes adaptés à son jeu. Les trois réunis nous rapportaient un petit pactole non-négligeable.
En ajoutant à cela le fait que j'était devenue très douée en peinture, et que mes tableaux se vendaient à prix d'or, nous avions pu réellement avancer sur les travaux du manoir.
Tout l'extérieur était terminé, ainsi que tout les murs de la maison. La manoir Vassily reprenait vie petit à petit, pour notre plus grand plaisir.
Nous avions même pu commencer à choisir et meubler les pièces dans lesquelles nous vivions. Et Simon m'avait fait l'immense joie de m'acheter une cuisine complète !
Simon reprit :
"Tu as prévu quelque chose aujourd'hui ?
-Trop de choses. J'ai le tableau que la galerie d'art m'a commandé à terminer, et pas mal de courses à faire. J'aimerai aussi aller faire un tour dans le grenier. Comme l'escalier n'était pas fini, je n'y suis jamais montée. Je me demande ce qu'il cache comme trésor..." dis-je en riant.
"Oh tu sais, vu l'état dans lequel on a récupéré le manoir, je doute que tu y trouves quelque chose d'intéressant.
-Sait-on jamais. Peut-être qu'Oncle Jim y a oublié quelques lingots ?" dis-je en haussant les sourcils.
"Tu parles. Je parie que tu ne trouvera que des vieilleries.
-Et alors ? J'adore les vieilleries ! On décorera notre maison dans un style vintage !
-Heu... ok, mais je te préviens, tu touches pas à la déco de mon bureau !" me répondis Simon d'un air blasé.
Je ris et promis que je lui laisserais l'entière responsabilité dudit bureau.
"Et toi, qu''est-ce que tu vas faire aujourd'hui ?
-Je te l'ai dis, je planche sur un nouveau jeu vidéo.
-Simon !" l'engueulais-je. "Je sais que tu n'aimes pas la mosaïque que j'ai choisi pour la salle de bain, mais tu m'avais promis de la finir aujourd'hui !
-Tu as raison, je déteste ces mosaïques. Mais oui chérie, je vais la finir aujourd'hui. Est-ce dans mes habitudes de ne pas tenir mes promesses ?"
Je lui jetais un regard amusé, avant de me lever pour débarrasser. Au passage, j'embrassais mon doux mari, qui se leva à son tour pour me serrer dans ses bras avant de filer se changer.
De mon côté, je pris le chemin des escaliers qui menaient au grenier. Arrivée là-haut, je me trouvais dans une pièce très sombre, tapissée de poussière et de toiles d'araignées, et où régnait une odeur de naphtaline.
Comme une andouille, j'étais montée pieds nus. Il me fallait ouvrir l'oeil pour préserver mes pieds.
Je m'avançais en tâtonnant , et en plissant les yeux pour tenter de mieux voir dans la pénombre. Je marchais le long du mur, quand je trouvais un interrupteur. J'appuyais sur celui-ci. La lumière vacilla avant de fixer, mais uniquement dans le fond du grenier, qui était d'ailleurs la seule partie encombrée de la pièce. Tout le reste était étonnamment vide.
Des "vieilleries" comme avait dit Simon. Il y avait là un vieux vélo rouillé, des caisses en tout genre, de la porcelaine par-ci par-là et d'autres choses pas forcément utiles. En revanche, il y avait aussi un magnifique vase, en laiton ou en céramique, je n'ai pas su déterminer immédiatement. Toujours est-il que j'ai su tout de suite où il allait finir !
En continuant mon exploration, je tombais également sur des vieux pots de peinture en aluminium. Inutilisables malheureusement. En revanche, le magnifique pinceau en poils de sanglier qui se trouvait juste à côté me serait d'une grande utilité !
Au moment où j'allais redescendre avec mes premières trouvailles, une boîte attira mon attention.
Elle était posée là, au milieu d'un fouillis sans nom, mais malgré tout, je ne vis qu'elle, comme si elle m'avait "appelée".
Je posais le vase et le pinceau, m'accroupit à côté de cette fameuse boîte et me mis à fouiller dedans. Elle contenait un tas de papiers, des cartes postales, des lettres manuscrites, sans doute rédigées à la plume, comme à l'époque. Toutes étaient très abîmées par le temps, mais sur l'une d'elles, je réussis à déchiffrer quelques mots :
"... toi mon ... et tendre époux, qui a toujours... pour que je sois heureuse... mon coeur t'appartient...
Pour l'éternité, ici, et dans l'au-delà. Je t'en fais la promesse.
Victoria"
Cette lettre et les autres étaient accompagnés de photos.
Je reconnus instantanément Oncle Jim dans ses jeunes années. Il ressemblait beaucoup à Simon et à son père. Même regard, même sourire, c'était époustouflant.
J'en déduis vite que la personne qui l'accompagnait sur la plupart des photos devait être son épouse, Victoria.
Elle était magnifique, j'étais subjuguée par sa beauté.
Comment des gens aussi beaux, et qui respiraient le bonheur sur ces photos, pouvaient-ils être morts seuls au monde, avec leur seule tristesse pour les guider vers les cieux ?
Je restais là, à regarder ces photos. J'attendais qu'elles me parlent, qu'elles me donnent les réponses que j'attendais. Mais rien. Jim et Victoria restaient silencieux.
Je repris mes esprits, cachais les photos sous mon t-shirt, et redescendis le vase sous le bras. J'entrais d'abord dans ma chambre pour cacher les photos sous le matelas, puis je passais devant la salle de bain, où Simon s'affairait à coller les mosaïques comme il me l'avait promis :
"Tu t'en sors chéri ?
-Ouep ! C'est un peu chiant à coller, mais j'ai bientôt fini.
-Super ! Je vais finir mon tableau !"
Je passais mon après-midi à peindre, l'esprit complètement embué par les photos et les lettres que j'avais découvert au grenier. Quelque part, ce n'était pas plus mal. Certaines de mes émotions m'aidaient à me surpasser en matière de peinture !
Le temps passa trop vite. A 20h, je préparais le repas. Nous passions à table, et je fis part à Simon de ma découverte. Le vase seulement. Et le pinceau...
A 22h, nous étions couchés.
A 00h33 précisément, je fus réveillée par un bruit de casseroles dans la cuisine. Je pensais d'abord à Simon, il lui arrive souvent d'avoir un creux dans la nuit, mais quand je me retournais, je vis qu'il était couché à côté de moi, profondément endormi.
Je me levais d'un bond, et ouvris doucement la porte. Quelle ne fut pas ma stupeur de constater qu'une des lumières d'en bas était allumée. J'étais pourtant persuadée d'avoir tout éteint avant de monter.
Je descendis l'immense escalier sur la pointe des pieds, et me dirigeait vers la cuisine, d'où semblait provenir la lumière.
Une fois dans le couloir qui sépare l'entrée de la cuisine, j'entendis de nouveau du bruit. Comme une chaise qu'on déplace cette fois.
Quelqu'un était entré dans le manoir ! Je me raidis, terrorisée.
Je penchais doucement la tête pour tenter de voir quelque chose. Rien...
Alors, je pris mon courage à deux mains, et j'entrais doucement dans la cuisine. Là, la stupeur s'empara de moi...
Un fantôme se trouvait là, devant la table, à quelques centimètres de moi ! Bien que pétrifiée, je tâchais de ne pas faire de bruit.
Il s'agissait visiblement de l'esprit d"une femme. Elle regardait autour d'elle, et baissait la tête. Elle semblait triste, comme si elle portait le poids du monde sur les épaules.
Soudain, elle se retourna et se retrouva face à moi !
"Oh mon Dieu !"
Ce visage... ce si doux visage ! Pour l'avoir admiré comme la huitième merveille du monde pendant de longues minutes, pour avoir été hantée par celui-ci toute la journée, à tel point que j'avais même tenté de le peindre, je le reconnus instantanément :
"Victoria !" lâchais-je avec effroi.
A ce moment-là, elle me regarda droit dans les yeux. Son fantôme changea de couleur, passant du rouge au vert, et son visage triste et abattu se transforma littéralement quand un sourire radieux illumina celui-ci. Elle semblait soulagée de me voir.
Quand à moi, à ce moment précis, je ressentis une sensation d'extrême bien-être. Une douce chaleur me traversa le dos, et un frisson agréable envahit mon crâne.
J'eu à peine le temps de savourer cet instant, qu'en une fraction de seconde, elle s'évapora, et les sensations extraordinaires me quittèrent. C'était soudain comme si elle n'était jamais apparue.
Pourtant, je l'avais vue, elle avait été là, face à moi, elle m'avait sourit, et elle m'avait fait comprendre à sa manière qu'elle me voulait du bien.Je n'avais pas rêvé, j'en étais certaine.
J'étais complètement abasourdie par ce que je venais de vivre. J'avais peur, parce que si Victoria était là, cela voulait dire que tout les autres fantômes dont parlaient les rumeurs existaient aussi. Mais en même temps, j'étais envahie par l'envie de la revoir. J'avais tellement de questions à lui poser...
Il fallait que je la revoie !
Incapable de dormir de toute façon, je décidais d'aller faire quelques recherches sur internet, sur la manière dont je devais m'y prendre pour que Victoria revienne me rendre visite...
Nous avions encore eu une inondation dans la salle de bain. Les conduits de la baignoire avaient (une fois de plus) lâchés, et le micro-ondes avait rendu l'âme.
Une nuit sur trois, c'était la même histoire. Rien n'avait changé depuis que nous avions emménagé. Les appareils continuaient inlassablement de casser, et le manoir s'emplissait de bruits tous plus étranges les uns que les autres.
Je ne pouvais m'empêcher de penser à ce que m'avait raconté Moira, et ça me terrorisait. Mais quelque chose me poussait à rester, et à continuer les travaux malgré tout.
J'avais du coup préparé un bon petit-déjeuner pour affronter la longue journée qui nous attendait.
"Est-ce que tu as pu dormir un peu avant l'hécatombe ?" me demanda Simon.
"Un peu oui. Je dors mieux en ce moment, va savoir pourquoi.
-Peut-être parce que notre situation s'améliore ces derniers temps ?" me suggéra t-il
"Sans doute." répondis-je. "C'est vrai que depuis la création de tes applications mobiles et de ton premier jeu vidéo, je me sens rassurée sur notre avenir. Je gamberge moins la nuit.
-Tant mieux ! Et si ça peut t'aider encore plus, je peux te promettre que ce n'est pas fini ! Je planche en ce moment sur un deuxième jeu vidéo. Et celui-là, crois-moi, il va nous rapporter gros !
-Je n'en doute pas. Tu as tellement de talent..."
Très vite après l'achat de son ordinateur, Simon avait développé une première application mobile, "Bricolage facile" avant de se lancer dans le développement de jeu vidéo. "The wild legion" a vu le jour, et il a été très apprécié. Ceci a donné l'idée à Simon de sortir une deuxième application recensant tout les cheat codes adaptés à son jeu. Les trois réunis nous rapportaient un petit pactole non-négligeable.
En ajoutant à cela le fait que j'était devenue très douée en peinture, et que mes tableaux se vendaient à prix d'or, nous avions pu réellement avancer sur les travaux du manoir.
Tout l'extérieur était terminé, ainsi que tout les murs de la maison. La manoir Vassily reprenait vie petit à petit, pour notre plus grand plaisir.
Nous avions même pu commencer à choisir et meubler les pièces dans lesquelles nous vivions. Et Simon m'avait fait l'immense joie de m'acheter une cuisine complète !
Simon reprit :
"Tu as prévu quelque chose aujourd'hui ?
-Trop de choses. J'ai le tableau que la galerie d'art m'a commandé à terminer, et pas mal de courses à faire. J'aimerai aussi aller faire un tour dans le grenier. Comme l'escalier n'était pas fini, je n'y suis jamais montée. Je me demande ce qu'il cache comme trésor..." dis-je en riant.
"Oh tu sais, vu l'état dans lequel on a récupéré le manoir, je doute que tu y trouves quelque chose d'intéressant.
-Sait-on jamais. Peut-être qu'Oncle Jim y a oublié quelques lingots ?" dis-je en haussant les sourcils.
"Tu parles. Je parie que tu ne trouvera que des vieilleries.
-Et alors ? J'adore les vieilleries ! On décorera notre maison dans un style vintage !
-Heu... ok, mais je te préviens, tu touches pas à la déco de mon bureau !" me répondis Simon d'un air blasé.
Je ris et promis que je lui laisserais l'entière responsabilité dudit bureau.
"Et toi, qu''est-ce que tu vas faire aujourd'hui ?
-Je te l'ai dis, je planche sur un nouveau jeu vidéo.
-Simon !" l'engueulais-je. "Je sais que tu n'aimes pas la mosaïque que j'ai choisi pour la salle de bain, mais tu m'avais promis de la finir aujourd'hui !
-Tu as raison, je déteste ces mosaïques. Mais oui chérie, je vais la finir aujourd'hui. Est-ce dans mes habitudes de ne pas tenir mes promesses ?"
Je lui jetais un regard amusé, avant de me lever pour débarrasser. Au passage, j'embrassais mon doux mari, qui se leva à son tour pour me serrer dans ses bras avant de filer se changer.
De mon côté, je pris le chemin des escaliers qui menaient au grenier. Arrivée là-haut, je me trouvais dans une pièce très sombre, tapissée de poussière et de toiles d'araignées, et où régnait une odeur de naphtaline.
Comme une andouille, j'étais montée pieds nus. Il me fallait ouvrir l'oeil pour préserver mes pieds.
Je m'avançais en tâtonnant , et en plissant les yeux pour tenter de mieux voir dans la pénombre. Je marchais le long du mur, quand je trouvais un interrupteur. J'appuyais sur celui-ci. La lumière vacilla avant de fixer, mais uniquement dans le fond du grenier, qui était d'ailleurs la seule partie encombrée de la pièce. Tout le reste était étonnamment vide.
Des "vieilleries" comme avait dit Simon. Il y avait là un vieux vélo rouillé, des caisses en tout genre, de la porcelaine par-ci par-là et d'autres choses pas forcément utiles. En revanche, il y avait aussi un magnifique vase, en laiton ou en céramique, je n'ai pas su déterminer immédiatement. Toujours est-il que j'ai su tout de suite où il allait finir !
En continuant mon exploration, je tombais également sur des vieux pots de peinture en aluminium. Inutilisables malheureusement. En revanche, le magnifique pinceau en poils de sanglier qui se trouvait juste à côté me serait d'une grande utilité !
Au moment où j'allais redescendre avec mes premières trouvailles, une boîte attira mon attention.
Elle était posée là, au milieu d'un fouillis sans nom, mais malgré tout, je ne vis qu'elle, comme si elle m'avait "appelée".
Je posais le vase et le pinceau, m'accroupit à côté de cette fameuse boîte et me mis à fouiller dedans. Elle contenait un tas de papiers, des cartes postales, des lettres manuscrites, sans doute rédigées à la plume, comme à l'époque. Toutes étaient très abîmées par le temps, mais sur l'une d'elles, je réussis à déchiffrer quelques mots :
"... toi mon ... et tendre époux, qui a toujours... pour que je sois heureuse... mon coeur t'appartient...
Pour l'éternité, ici, et dans l'au-delà. Je t'en fais la promesse.
Victoria"
Cette lettre et les autres étaient accompagnés de photos.
Je reconnus instantanément Oncle Jim dans ses jeunes années. Il ressemblait beaucoup à Simon et à son père. Même regard, même sourire, c'était époustouflant.
J'en déduis vite que la personne qui l'accompagnait sur la plupart des photos devait être son épouse, Victoria.
Elle était magnifique, j'étais subjuguée par sa beauté.
Comment des gens aussi beaux, et qui respiraient le bonheur sur ces photos, pouvaient-ils être morts seuls au monde, avec leur seule tristesse pour les guider vers les cieux ?
Je restais là, à regarder ces photos. J'attendais qu'elles me parlent, qu'elles me donnent les réponses que j'attendais. Mais rien. Jim et Victoria restaient silencieux.
Je repris mes esprits, cachais les photos sous mon t-shirt, et redescendis le vase sous le bras. J'entrais d'abord dans ma chambre pour cacher les photos sous le matelas, puis je passais devant la salle de bain, où Simon s'affairait à coller les mosaïques comme il me l'avait promis :
"Tu t'en sors chéri ?
-Ouep ! C'est un peu chiant à coller, mais j'ai bientôt fini.
-Super ! Je vais finir mon tableau !"
Je passais mon après-midi à peindre, l'esprit complètement embué par les photos et les lettres que j'avais découvert au grenier. Quelque part, ce n'était pas plus mal. Certaines de mes émotions m'aidaient à me surpasser en matière de peinture !
Le temps passa trop vite. A 20h, je préparais le repas. Nous passions à table, et je fis part à Simon de ma découverte. Le vase seulement. Et le pinceau...
A 22h, nous étions couchés.
A 00h33 précisément, je fus réveillée par un bruit de casseroles dans la cuisine. Je pensais d'abord à Simon, il lui arrive souvent d'avoir un creux dans la nuit, mais quand je me retournais, je vis qu'il était couché à côté de moi, profondément endormi.
Je me levais d'un bond, et ouvris doucement la porte. Quelle ne fut pas ma stupeur de constater qu'une des lumières d'en bas était allumée. J'étais pourtant persuadée d'avoir tout éteint avant de monter.
Je descendis l'immense escalier sur la pointe des pieds, et me dirigeait vers la cuisine, d'où semblait provenir la lumière.
Une fois dans le couloir qui sépare l'entrée de la cuisine, j'entendis de nouveau du bruit. Comme une chaise qu'on déplace cette fois.
Quelqu'un était entré dans le manoir ! Je me raidis, terrorisée.
Je penchais doucement la tête pour tenter de voir quelque chose. Rien...
Alors, je pris mon courage à deux mains, et j'entrais doucement dans la cuisine. Là, la stupeur s'empara de moi...
Un fantôme se trouvait là, devant la table, à quelques centimètres de moi ! Bien que pétrifiée, je tâchais de ne pas faire de bruit.
Il s'agissait visiblement de l'esprit d"une femme. Elle regardait autour d'elle, et baissait la tête. Elle semblait triste, comme si elle portait le poids du monde sur les épaules.
Soudain, elle se retourna et se retrouva face à moi !
"Oh mon Dieu !"
Ce visage... ce si doux visage ! Pour l'avoir admiré comme la huitième merveille du monde pendant de longues minutes, pour avoir été hantée par celui-ci toute la journée, à tel point que j'avais même tenté de le peindre, je le reconnus instantanément :
"Victoria !" lâchais-je avec effroi.
A ce moment-là, elle me regarda droit dans les yeux. Son fantôme changea de couleur, passant du rouge au vert, et son visage triste et abattu se transforma littéralement quand un sourire radieux illumina celui-ci. Elle semblait soulagée de me voir.
Quand à moi, à ce moment précis, je ressentis une sensation d'extrême bien-être. Une douce chaleur me traversa le dos, et un frisson agréable envahit mon crâne.
J'eu à peine le temps de savourer cet instant, qu'en une fraction de seconde, elle s'évapora, et les sensations extraordinaires me quittèrent. C'était soudain comme si elle n'était jamais apparue.
Pourtant, je l'avais vue, elle avait été là, face à moi, elle m'avait sourit, et elle m'avait fait comprendre à sa manière qu'elle me voulait du bien.Je n'avais pas rêvé, j'en étais certaine.
J'étais complètement abasourdie par ce que je venais de vivre. J'avais peur, parce que si Victoria était là, cela voulait dire que tout les autres fantômes dont parlaient les rumeurs existaient aussi. Mais en même temps, j'étais envahie par l'envie de la revoir. J'avais tellement de questions à lui poser...
Il fallait que je la revoie !
Incapable de dormir de toute façon, je décidais d'aller faire quelques recherches sur internet, sur la manière dont je devais m'y prendre pour que Victoria revienne me rendre visite...